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soit des balles de coton, du rhum, ou des livres de prières ; et quant au marin, il lui importe peu de porter de la poudre de guerre aux Africains, ou des vêtements aux peuplades des îles Sandwich, pourvu qu’il soit satisfait du prix qui lui est alloué pour le transport. Avec le développement de la richesse et de la population, et avec l’accroissement dans la puissance d’association qui en résulte, la nécessité du transport diminue, tandis que les facilités pour effectuer les changements de lieu s’accroissent aussi invariablement. La route à barrière de péage et le chemin de fer remplacent bientôt, et successivement, le sentier indien, comme le navire et le steamer remplacent le simple canot ; et à chaque pas fait dans cette direction, il y a diminution dans la proportion des membres de la société qu’il faut employer de cette façon, accompagnée d’un accroissement dans la proportion de la puissance musculaire et intellectuelle que l’on peut appliquer à accroître la quantité de produits susceptibles d’être transportés.

§ 7. — Travaux nécessaires pour opérer des changements mécaniques et chimiques dans la forme ; ils exigent un degré de connaissance plus élevé. Avec cette connaissance arrive la richesse.

Immédiatement après, dans l’ordre de développement, viennent les changements mécaniques et chimiques dans la forme de la matière, changements plus concrets et plus spéciaux.

Une branche arrachée à un arbre suffit à Caïn pour accomplir le meurtre de son frère Abel ; mais il aurait eu besoin de comprendre la nature de la matière qu’il fallait employer pour fabriquer un couteau, avant qu’il pût la convertir en arc, ou transformer en canot le tronc d’arbre auquel il avait arraché la branche. La peau peut être arrachée au daim et employée comme vêtement ; mais il faut que le pauvre sauvage de l’Ouest possède quelques connaissances pour la transformer en chaussures. On peut se servir de la pierre comme d’une arme offensive ; mais il faut connaître quelque peu les propriétés de la matière, pour découvrir qu’elle contient du fer, et savoir plus encore, si l’on veut être capable de convertir le fer en épées et en bêches.

Avec cette connaissance arrive le pouvoir de l’homme sur la matière, ou, en d’autres termes, sa richesse ; et à chaque accroissement de puissance, il devient de plus en plus capable de vivre en rapport avec ses semblables ; s’associant avec eux pour l’établissement ou le maintien de leurs droits d’individu ou de propriétaire. Le mouvement devient plus continu, en même temps qu’a lieu un accroissement constant dans sa rapidité ; et à chaque