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le faire, en échangeant une correspondance pendant une année entière. Ceux qui écrivent les lettres sont les gens qui entretiennent le commerce, tandis que ceux qui les transportent sont les trafiquants employés par les premiers pour l’entretenir. Dans les premiers temps de la société, les obstacles à ce commerce ayant été très-considérables, le produit total en fut conséquemment très-faible. Le trafic en lettres a été un monopole des gouvernements, qui ont dicté les conditions auxquelles le commerce pouvait être entretenu ; mais avec le progrès de la population et de la richesse, la population des divers pays a pu diminuer la puissance du trafiquant, et comme conséquence nécessaire, le commerce a pris des développements considérables. Même aujourd’hui, les relations entre les États-Unis et l’Europe subissent une taxe onéreuse par suite des entraves qu’y apporte l’Angleterre, en ne permettant à aucune lettre de passer sur son territoire, si limité, qu’à un prix presque égal à celui qu’on exigerait pour le faire parvenir à travers les milliers de lieues de mer qui séparent les continents.

Les navires ne sont pas le commerce, non plus que les chariots, les matelots, les porteurs de lettres, les courtiers, ou les négociants commissionnaires. La nécessité de les employer constitue un obstacle placé sur la voie du commerce et qui ajoute considérablement à la valeur des denrées qui ont besoin de leur secours, dans leur trajet du consommateur au producteur. Le trafiquant désire augmenter cette valeur en achetant à bon marché et vendant cher, augmentant ainsi le pouvoir de l’instrument employé par le commerce. Les agents réels dans l’opération de l’échange désirent le contraire, diminuant ainsi le pouvoir de l’instrument, en augmentant celui des individus qui l’emploient. Plus est considérable la puissance du trafiquant, plus le commerce doit être faible ; tandis que celui-ci doit être d’autant plus considérable que le pouvoir des commettants est plus complet.

Que tous ceux qui ont des échanges à opérer reconnaissent que la nécessité d’employer le trafiquant et l’individu chargé du transport est un obstacle aux transactions, c’est ce qui demeure prouvé par ce fait, que toute mesure ayant pour but de diversifier les travaux, ou d’améliorer les voies de communication, et conséquemment de diminuer le pouvoir de ces intermédiaires, est accueillie,