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elles changent de forme, de plus en plus, jusqu’au moment où la matière première, qui entrait d’un côté, part vers un autre, toute prête à être employée. Dans tous les travaux poursuivis par l’homme pendant sa vie, il cherche ainsi à obtenir un mouvement continuel ; et partout l’on constate, que sa marche progressive vers la richesse et la puissance, est en raison directe de l’accomplissement de ce dessein.

Si nous jetons les regards à travers le monde, nous voyons partout la nature appliquant la force à l’aide du mouvement continu. Pour développer l’électricité, il faut le mouvement de rotation ; et cette rotation, nous la retrouvons partout autour de nous, soit que nous étudiions le mouvement des vents, ou la formation de la rosée, ou la circulation du sang à travers les artères qui le charrient du cœur, ou à travers les veines qui le rapportent à son point de départ. Plus le mouvement est rapide, plus aussi il est continu et plus est considérable la force déployée. Le Rhin, qui prend sa source au milieu des pics neigeux des Alpes, se précipite rapidement vers la mer, et à mesure qu’il entraîne l’eau qui a été dissoute, de nouvelles condensations se forment à une plus grande hauteur, fournissant ainsi, pour les besoins de l’homme, un mouvement qui reste constant pendant les chaleurs de l’été et les froids de l’hiver. L’Ohio et le Mississippi prenant leur source à des hauteurs comparativement faibles, qui confinent à l’est et au nord la grande vallée de l’ouest, ont un mouvement plus lent ; et, comme conséquence de ce fait, ces rivières sont presque sans utilité pendant environ la moitié de l’année. Quelque part que nous portions les yeux dans toute l’étendue de la nature, nous voyons que la puissance est en raison de la continuité du mouvement ; et c’est une semblable continuité que l’homme cherche à obtenir en toute circonstance.

Cependant il ne peut exister de continuité dans les mouvements du colon isolé. Dépendant pour ses subsistances de sa puissance d’appropriation, et forcé de parcourir des surfaces immenses de terrain, il se trouve souvent en danger de mourir faute de nourriture. Lors même qu’il réussit à s’en procurer, il est forcé de suspendre ses recherches, et de songer à effectuer le changement de résidence, indispensable pour transporter à la fois ses subsistances, sa misérable habitation et lui-même. Arrivé là, il est forcé de deve-