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toutefois personne ne donne rien gratuitement, il est évident, que l’homme qui possède une ferme et se procure ailleurs des subsistances doit payer pour leur production, et aussi pour leur transport ; que, bien qu’il ait obtenu un salaire aussi élevé en se livrant à quelque autre occupation, sa ferme, au lieu d’être améliorée par une année de culture, s’est détériorée par suite d’une année d’abandon ; et qu’il reste plus pauvre qu’il ne l’eût été, s’il avait produit les subsistances nécessaires à sa propre nourriture.

L’article qui, ensuite, est le plus encombrant est le combustible. En même temps que l’homme chauffe sa maison, il défriche son terrain. Il perdrait à rester dans l’inaction, si son voisin lui apportait son propre combustible, et plus encore s’il devait employer le même temps à le transporter, parce qu’il userait sa charrette et perdrait l’engrais. S’il devait louer ses services, et ceux que peut rendre son chariot, à un autre individu, et pour la même quantité de bois de chauffage qu’il aurait coupée sur sa propriété, il subirait une perte ; car son exploitation rurale n’aurait pas été défrichée.

En enlevant sur ses propres champs les pierres avec lesquelles il doit bâtir sa maison, il gagne doublement ; car à mesure que sa maison se construit, son terrain est débarrassé. S’il demeure dans l’inaction et laisse son voisin apporter la pierre, il subit une perte ; car ses champs demeurent impropres à la culture. S’il accomplit une quantité égale de travail pour un voisin, en recevant le même salaire apparent, il subit une perte, par ce fait qu’il a encore à enlever les pierres, et jusqu’au moment où cela aura eu lieu, il ne peut cultiver son terrain.

A chaque amélioration dans le mécanisme de l’échange, il y a diminution dans la proportion qui s’établit entre ce mécanisme et la masse de denrées susceptibles d’être échangées, à raison de l’accroissement extraordinaire de produits, résultant de l’accroissement de la somme de travail qui peut être appliquée à fabriquer la puissante machine. C’est un fait d’observation journalière, que la demande de chevaux et d’individus augmente, à mesure que les chemins de fer font renoncer aux barrières des péages ; et la raison en est que les moyens qu’acquiert le fermier d’améliorer sa terre augmentent plus rapidement que la quantité d’hommes et de chevaux nécessaires pour le travail. L’individu, qui jusqu’à ce jour avait envoyé au marché ses bestiaux à moitié élevés, accompagnés