Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

granit, pour trouver de la houille, perd également son travail. La terre aura de la valeur, lorsqu’on aura besoin de blocs de granit, mais le moment n’est pas venu. L’individu qui cherche à tirer, du sol, de la marne, tandis qu’il a autour de lui une prairie fertile, perd son temps. La terre est fertile, mais le moment n’est pas venu. Tous les sols possèdent des qualités susceptibles de devenir utiles à l’homme ; et tous sont destinés, finalement, à être utilisés ; mais la nature ayant décrété qu’on n’obtiendrait pour ses besoins les meilleurs sols, ceux qui sont les plus propres à donner au travailleur le revenu le plus considérable, qu’au prix d’efforts combinés et longtemps continués, leur acquisition est une récompense qui lui est offerte comme un encouragement à déployer une constante activité, à pratiquer la prudence et l’économie, et à observer sans cesse cette loi fondamentale du christianisme, qui exige que chacun de nous respecte, à l’égard d’autrui, ces droits de l’individu et de la propriété qu’il désire que les autres respectent à son égard. Là où ces droits subsistent, on voit l’homme, constamment et régulièrement, quitter les sols stériles pour ceux qui sont plus productifs, en même temps qu’il y a augmentation constante de la population, de la richesse et du bien-être, et diminution constante de valeur dans toutes les terres cultivées primitivement, excepté dans les lieux où l’application continue du travail a tendu à les rendre plus productives. Le dernier historien de l’univers, avant le moment de sa dissolution, devra dire des terres diverses, ce que Byron disait des nuages du ciel d’Italie :

« Le jour qui va finir meurt comme le dauphin, auquel chaque minute de souffrance donne une couleur nouvelle, à mesure qu’il expire ; la dernière est encore la plus charmante, jusqu’au moment où elle disparaît, et tout n’est plus qu’une masse grise. »

La valeur de la terre est une conséquence de l’amélioration que le travail y a accomplie, et elle constitue dans la richesse un article important. La richesse tend à augmenter avec la population, et la faculté d’accumuler augmente, marchant d’un pas constamment accéléré, à mesure que de nouveaux terrains sont soumis à la culture, chacun d’eux donnant successivement au travailleur un revenu plus considérable. La rente tend donc, conséquemment, à s’accroître en quantité et à diminuer en proportion, avec le déve-