Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui ont acquitté les taxes de comté et les taxes de route, et qui se sont ainsi appauvries, recevraient maintenant bien volontiers le montant de leurs dépenses avec l’intérêt, en perdant complètement le prix d’achat primitif. Leurs embarras ne sont pas résultés du défaut de fécondité du sol, mais de ce fait, que le prix de reproduction diminuant constamment, on obtient de meilleures fermes, en retour d’une plus petite quantité de travail.

La compagnie foncière hollandaise acheta des portions de terrains considérables à des prix extrêmement bas, et sa propriété fut bien gérée. Mais les propriétaires y engloutirent un capital énorme ; aucune portion des États-Unis ne s’est améliorée plus rapidement que cette partie de l’État de New-York, où cette propriété se trouvait principalement située ; aucune portion n’a tiré plus d’avantage de la construction du canal Érié ; et cependant la totalité du prix d’achat y a été absorbée. Si la compagnie eût abandonné la terre, et qu’elle eût employé d’une autre manière le même capital appliqué à cet usage, le résultat eût été trois fois plus avantageux.

Il serait facile de multiplier les exemples pour prouver ce principe : que la propriété foncière obéit à une loi identique à celle qui régit toutes les autres espèces de propriété ; et qu’elle s’applique aux bourgs et aux villes aussi bien qu’à la terre. Avec tous leurs avantages de situation, Londres et Liverpool, Paris et Bordeaux, New-York et la Nouvelle-Orléans, ne s’échangeraient que contre une faible portion du travail qui serait nécessaire pour les reproduire, si leurs emplacements étaient, de nouveau, réduits à l’état dans lequel les trouva la population qui, la première, commença à les fonder. Dans toute l’étendue de l’Union, il n’existe pas un comté, un bourg ou une ville qui se vendît pour ce qu’il a coûté ; il n’en existe aucun dont les revenus soient équivalents à l’intérêt du travail et du capital appliqués à leur amélioration.

Tout le monde est familiarisé avec ce fait, que les fermes ne se vendent qu’à un prix de très-peu supérieur à la valeur des améliorations. Lorsque l’on en vient à rechercher quelles sont les améliorations comprises dans cette estimation, on voit que l’on n’a pas tenu compte de celles qui sont les plus onéreuses ; on n’a pas tenu compte du défrichement et du drainage de la terre, des routes qui ont été tracées, du tribunal ou de la prison qui ont été construits