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du premier, au-dessous du dernier, a toujours lieu très-rapidement, lorsque la population, et la puissance d’association qui en résulte, augmentent avec une égale rapidité. Et cependant, lorsque nous considérons les portions de la terre que l’homme met en œuvre pour les besoins de la culture, nous trouvons, d’après tous ces auteurs, une loi précisément contraire ; la valeur de la terre se trouve égale à ce qu’il en a coûté pour lui donner sa forme actuelle, plus la valeur d’un pouvoir de monopole qui s’accroît avec la population, et très-rapidement lorsque le développement de la population et la puissance d’association sont également très-rapides.

Admettre l’exactitude d’une pareille manière de voir, ce serait admettre que la terre, au moment où le fermier l’ouvrait avec sa charrue, était soumise à une certaine série de lois, et a été soumise à des lois directement contraires, aussitôt qu’elle a passé dans les mains du potier pour être convertie en porcelaine ou en faïence ; ce serait admettre qu’il n’existait rien qu’on pût appeler l’universalité des lois régissant la matière, et que, conséquemment, le Grand-Architecte de l’Univers nous a donné un système fécond en discordances, et dont la mise en œuvre ne pouvait nous faire prévoir rien qui ressemblât à l’harmonie. Les choses se passent-elles ainsi, en réalité ? c’est ce qu’il faut déterminer par un examen des faits de la circonstance, tels qu’ils se présentent dans la comparaison de la valeur de la terre, avec le travail qui serait aujourd’hui nécessaire pour la reproduire sous sa forme existante. Si le résultat aboutit à prouver que la première est plus considérable que le second, alors la doctrine de tous ces écrivains doit être admise comme exacte ; mais si ce résultat prouve, que nulle part la terre ne s’échangera contre une somme de travail équivalente à celle qui serait nécessaire pour sa reproduction, il faudra bien admettre alors que la valeur n’est, dans tous les cas, que la mesure de la somme d’efforts physiques et intellectuels nécessaire pour triompher des obstacles qui contrarient l’accomplissement de nos désirs ; que le prix demandé pour l’usage de la terre, de même que celui qui est demandé pour l’usage de toutes les autres denrées ou choses quelconques, n’est qu’une compensation pour les épargnes accumulées résultant des travaux du passé ; que le prix tend partout à diminuer, en proportion du produit obtenu avec le secours