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les voyons, à mesure que la population s’accroît graduellement, quittant les flancs des collines et des montagnes pour se porter vers les terres fertiles placées à leurs pieds ; et partout, à mesure que cette population augmente, pénétrant dans le sol pour atteindre les couches plus profondes, et arriver à combiner l’argile ou le sable de la surface supérieure, avec la marne ou la chaux de la surface inférieure, et se créer ainsi, avec les divers matériaux que Dieu leur a fournis, un sol susceptible de donner un revenu plus considérable que celui sur lequel ils avaient été forcés, en premier lieu, de dépenser leurs efforts. Partout, avec l’accroissement de la puissance d’union, nous les voyons exercer sur la terre un pouvoir plus intense. Partout, à mesure que les sols nouveaux sont mis en exploitation et que les individus qui les occupent peuvent obtenir de plus amples revenus, nous constatons un accroissement plus rapide dans la population, lequel, à son tour, produit une plus grande tendance à la combinaison des efforts ; grâce à ces efforts, la puissance d’action de ces individus est triplée, quadruplée, quintuplée et quelquefois augmentée dans la proportion de cinquante pour cent ; ils deviennent alors capables de mieux pourvoir à leurs besoins immédiats, en même temps qu’ils accumulent plus rapidement les moyens mécaniques à l’aide desquels ils augmentent encore leur puissance productive, et mettent plus complètement en lumière les immenses trésors de la nature. Partout, nous constatons qu’en même temps que la population s’accroît, les approvisionnements de subsistances deviennent plus abondants et plus réguliers ; qu’on se procure avec plus de facilité les vêtements et les moyens de se mettre à l’abri ; que la famine et la peste tendent à disparaître, que la santé devient un fait plus général, que la durée de la vie se prolonge de plus en plus, et que l’homme devient à la fois plus heureux et plus libre.

En ce qui concerne tous les besoins de l’homme, sauf l’unique et si important besoin de subsistances, c’est ainsi qu’on admet que les choses se passent. On voit qu’à mesure que se développent la population et la richesse, les individus se procurent de l’eau, du fer, de la houille et des vêtements ; qu’ils jouissent de l’usage des maisons, des navires et des routes, au prix d’un travail bien moins considérable que celui qu’il fallait employer primitivement. On ne met pas en doute que les ouvrages gigantesques, au moyen desquels on amène