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la Méditerranée et l’Océan Pacifique. C’est la région, parmi toutes les autres, qui convient le mieux au but qu’on se propose ; celle qui fournira le plus facilement à l’homme qui travaille, sans le secours d’une bêche ou d’une hache, une faible quantité de subsistances, et conséquemment la moins appropriée à ses besoins, lorsqu’il a conquis le pouvoir d’asservir les forces de la nature.

Là nous retrouvons de toutes parts l’homme à l’état de barbarie ; et en faisant une halte, nous pouvons suivre la marche des peuplades et des nations qui se dirigent successivement vers les terrains moins élevés et plus productifs ; mais qui, dans tous les cas, sont forcés de chercher la route la moins interrompue par les cours d’eau et, conséquemment, se maintiennent sur la crête qui sépare les eaux de la mer Noire et de la Méditerranée, de celles de la Baltique ; placés sur ce point nous pouvons les observer descendant des parties escarpées, quelquefois s’arrêtant dans le but de cultiver le terrain élevé, qu’on peut, avec des instruments passables, rendre susceptible de donner une faible quantité de subsistances ; d’autres fois s’avançant et arrivant dans le voisinage de la mer, pour s’établir non sur les terrains fertiles, mais sur les terrains ingrats du flanc ardu des collines, ceux sur lesquels l’eau ne peut séjourner et servir d’aliment à la croissance des arbres, ou offrir des obstacles aux colons, dont les moyens sont insuffisants pour le drainage des marais ; ou sur de petites îles formant des prés sur lesquelles l’eau ne fait que passer rapidement, ainsi que cela a lieu pour les îles de la mer Égée, cultivées depuis une époque si reculée. On voit quelques-unes de ces peuplades atteindre la Méditerranée, où l’on trouve les premières traces d’une civilisation, qui s’anéantit très-promptement, sous la pression des flots d’émigrants qui se succèdent ; tandis que d’autres s’avancent plus loin à l’ouest et pénètrent en Italie, en France et en Espagne. D’autres enfin plus aventureuses abordent dans les îles Britanniques. Nous les voyons encore, après quelques siècles de repos, traverser le grand Océan atlantique et commencer à gravir la pente de l’Alleghany ; se préparant à gravir et à franchir la grande chaîne qui sépare les eaux de l’Océan pacifique de celles de l’Océan atlantique ; en tout cas nous observons que les pionniers s’emparent avec joie du terrain sec et dépouillé des flancs escarpés des montagnes, de préférence au pays fertile et très-boisé des terrains d’alluvion. Partout nous