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nous demandons à connaître les terrains les plus neufs, on nous conduit aux Lothians, ou vers les bords de la Tweed, qui n’ont été, que pendant un court intervalle, habités par des barbares dont la plus grande joie consistait à faire des invasions dans les comtés anglais adjacents, pour les piller. En cherchant les forêts et les marais de l’époque de Marie et d’Élisabeth, nos yeux rencontrent les plus belles fermes de l’Écosse. Si nous voulons voir la population la plus pauvre, on nous renvoie aux îles de l’ouest, Mull ou Skye, qui étaient occupées lorsque les terres à prairies n’avaient pas encore été drainées  ; à l’île de Mona, célèbre à l’époque où le sol fertile des Lothians n’était pas encore cultivé ; ou bien aux îles Orcades, considérées autrefois comme ayant une valeur assez considérable pour être reçues par le roi de Norvège, en nantissement d’une somme à payer, bien plus considérable que celle qu’on pourrait trouver aujourd’hui de ces pauvres îles, lors même que la vente comprendrait la terre et le droit de souveraineté réunis. Placés sur les hauteurs de Sutherland, nous nous trouvons au milieu des terres, qui, de temps immémorial, ont été cultivées par des highlanders mourant de faim ; mais sur les terrains plats situés plus bas, on voit de riches récoltes de navets croissant sur un sol qui n’était, il y a quelques années, qu’un désert. Plaçons-nous où nous voudrons, sur le siège d’Arthur, ou les tours de Stirling, ou sur les hauteurs qui bordent la grande vallée de l’Écosse, nous apercevons des terrains fertiles, presque complètement, sinon tout à fait inoccupés et non drainés, tandis qu’à côté nous pouvons apercevoir des terrains élevés et secs, qui depuis une longue suite de siècles ont été mis en culture.

§ 6. — Marche de la colonisation en France, en Belgique et en Hollande.

Si nous jetons les yeux sur la France au temps de César, nous voyons les Arvernes, les Éduens, les Séquanais, descendants des plus anciens possesseurs de la Gaule, et dont ils forment les tribus les plus puissantes, établis sur les flancs des Alpes, dans un pays aujourd’hui bien moins populeux qu’il ne l’était alors[1].

  1. Le Morvan, territoire contenant cent cinquante lieues carrées, à travers lequel, il y a à peine quarante ans, on ne trouvait ni une route royale, ni une route départementale, ni même un seul chemin de grande vicinalité en bon état. Point de pont, quelques arbres bruts, à peine équarris, jetés sur les cours d’eau, ou, plus ordinairement, des pierres disposées çà et là pour passer les ruisseaux. Ainsi, cette contrée, au cœur de la France, était une véritable impasse pour tous les pays voisins, une sorte d’épouvantail pour le froid, la neige, les aspérités du terrain, la sauvagerie