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Murray, seront les plus magnifiques de l’univers ; mais ceux qui coulent entre la chaîne des côtes et la mer, et dont aucun ne peut atteindre un cours prolongé. » Et c’est pourquoi nous constatons, en comparant les diverses parties de cette contrée, que le même fait d’une si haute importance, se révèle sur une échelle si considérable dans les parties orientales et occidentales du continent. Les petites pentes escarpées du Pérou ont offert l’exemple de la plus ancienne civilisation de cette portion du globe, et si nous jetons maintenant les yeux sur les pentes analogues du Chili, nous voyons un peuple dont la population et la richesse s’accroissent rapidement, tandis que la grande vallée de la Plata, dont les terrains sont susceptibles de donner au travailleur la plus ample rémunération, reste, jusqu’à cette heure, plongée dans la barbarie. Là, comme partout ailleurs, il nous est démontré que la culture commence sur les terrains les moins fertiles.

§ 5. — Marche de la colonisation en Angleterre.

En traversant l’Océan et débarquant dans le sud de l’Angleterre, le voyageur se trouve dans un pays où les cours d’eau sont de peu d’étendue et les vallées circonscrites, et conséquemment de bonne heure bien appropriées à la culture. Ce fut là que César trouva le seul peuple de l’île qui ai fait quelque progrès dans l’art du défrichement, les habitudes de la vie parmi les indigènes devenant plus grossières et plus barbares à mesure qu’ils s’éloignaient de la côte. Les tribus éloignées, à ce qu’il nous rapporte, n’ensemençaient jamais leurs terres, mais poursuivaient le gibier à la chasse ou gardaient leurs troupeaux, vivant des dépouilles de l’un ou du lait de ceux-ci, et n’ayant d’autres vêtements que leurs peaux. — S’il dirige ensuite sa marche vers le comté de Cornouailles, il trouve un pays signalé pour sa stérilité, offrant de toutes parts des indices d’une culture « qui remonte à une antiquité reculée et inconnue », et sur la limite extérieure de cette terre stérile, dans une partie du pays aujourd’hui si éloignée de tous les lieux de passage qu’elle est même à peine visitée, il trouve les ruine de Tintagel, le château où le roi Arthur tenait sa cour[1]. Sur sa route, il n’aperçoit guère d’éminence qui aujourd’hui ne révèle des preuves de son antique occupation[2]. S’il recherche ensuite les centres de l’ancienne culture, on le ren-

  1. Revue d’Édimbourg. Janvier 1851. Articles Devon et Cornouailles.
  2. Les Celtes, les Romains et les Saxons, p. 87.