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rémunération de son travail fût très-faible. S’il eût entrepris de drainer les riches terrains du marais Terrible[1], il serait mort de faim, ainsi que cela est arrivé à ceux qui ont colonisé l’île fertile de Roanoke.

§ 4. — Marche de la colonisation au Mexique, aux Antilles et dans l’Amérique du Sud.

En traversant le Rio-Grande, pour pénétrer dans le Mexique, le lecteur trouvera une nouvelle démonstration de l’universalité de cette loi. A sa gauche, près de l’embouchure de la rivière, mais à quelque distance de ses bords, il apercevra la ville de Matamoras, dont la création est de date récente. Partant de ce point, il peut suivre le cours de la rivière, à travers de vastes étendues des plus riches terrains à l’état de nature, où se rencontrent des établissements disséminés çà et là, et occupant les points les plus élevés jusqu’à l’embouchure du San-Juan ; en suivant celui-ci jusqu’à sa source, il se trouvera dans un pays assez peuplé, dont la capitale est Monterrey. Placé là s’il porte ses regards vers le nord, il voit la culture s’avançant à travers les terrains élevés du Chihuahua, mais

  1. Il n’existe probablement pas au monde une portion de terre plus riche que celle de la Basse-Virginie et de la Caroline du nord, dont le marais Terrible forme une partie, mais qui, par cette raison même ne peut, quant à présent, être soumis à la culture. Voici la description que nous en trouvons dans un article récent de la Tribune de New-York :
      « Entre Norfolk et la mer, à l’est, se trouve le comté de la Princesse Anne, ne présentant aucune élévation qui puisse s’appeler colline, mais couvert de marais et de lagunes. Le comté de Norfolk est situé au sud de la ville, et comprend le marais Terrible qui se prolonge dans la Caroline du nord ; et au-delà, à 40 on 50 milles, on trouve le comté, voisin de la cité d’Élisabeth, sur le détroit d’Albemarle, pays entièrement bas et coupé par des criques, des lagunes et des marais d’eau salée. A l’ouest du comté de Norfolk est celui de Nansemond, pays tellement bas et plat que les bateaux à vapeur remontent la rivière de Nansemond, et qu’en pratiquant de légères tranchées dans la terre, on peut leur faire traverser tout le comté. Au nord-ouest de celui-ci, l’ile du comté de Wight s’étend de la rivière James à la rivière Noire, formant une branche du Chowan ; et cette ile, ainsi que le comté de Southampton, qui est le plus rapproché à l’ouest, est formée du même terrain plat et sablonneux, de marais et de ruisseaux stagnants. Quelquefois la couche superficielle est sablonneuse, et immédiatement au-dessous de celle-ci on trouve un lit de boue fétide, donnant de l’eau de puits qui n’est pas bonne à boire. Tout ce pays est couvert de marne. Si l’on traverse la baie septentrionale de Norfolk, la ville d’Élisabeth domine le point de la péninsule formé par les eaux de la baie, le Hampton-Roads et le Back-Bay, et se trouve presque au niveau de l’eau. En remontant la rivière de James qui, en certains endroits, a une largeur de plusieurs milles, l’eau est très-peu profonde sur les bords, qui sont parfois légèrement élevés. Les bois de haute-futaie qui croissent sur les terrains élevés sont surtout le chêne et le pin ; puis l’érable, le frêne, l’orme, le cyprès et autres bois de marécage sur les terrains bas, ainsi que de nombreuses pousses de buissons de marais. »