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nombreuse. Sur le bord du Delaware, nous voyons les quakers choisissant les sols plus légers qui produisent le pin, tandis qu’ils évitent les sols plus fertiles et plus gras du rivage opposé de la Pennsylvanie. Chaque colon choisit également les parties plus élevées et plus asséchées de son exploitation rurale, abandonnant les prairies, dont un grand nombre, même aujourd’hui, restent dans l’état de nature, tandis que d’autres ont été soumises au drainage pendant ces dernières années. Les meilleures portions de chaque ferme sont, invariablement, celles qui ont été le plus récemment mises en culture, tandis que les terrains les plus ingrats des divers lieux aux alentours sont ceux où l’on voit les plus anciens bâtiments d’exploitation rurale. Si nous avançons encore à travers les terrains sablonneux de l’État en question, nous trouvons des centaines de petites clairières depuis longtemps abandonnées par leurs propriétaires, attestant la nature du sol que cultivent les individus, lorsque la population est peu nombreuse et que le terrain fertile est très-abondant. Après avoir défriché les terres qui produisent le chêne, ou drainé celles qui donnent le cèdre blanc, ils abandonnent celles qui produisent le pin de cet État, le plus misérable de tous les arbres de ce genre.

Les Suédois ont formé un établissement à Lewistown et à Christiana, sur le sol sablonneux du Delaware. Traversant cet État vers l’entrée de la baie de Chesapeake, nous trouvons, dans les petites villes en décadence d’Elkton et de Charlestown, autrefois les centres d’une population assez active, une nouvelle preuve du peu de fertilité des terres occupées primitivement, lorsque les belles prairies, au milieu desquelles se trouvent aujourd’hui les fermes les plus riches de cet État, étaient en grand nombre, mais considérées comme sans valeur. Penn vient après les Suédois, et, profitant des dépenses qu’ils ont faites et de leur expérience, choisit les terrains élevés sur le Delaware, à environ douze milles au nord de l’emplacement qu’il choisit ensuite pour sa ville, près du confluent de cette rivière et du Schuylkill. En partant de ce dernier point, et suivant la ligne de l’établissement, nous constatons qu’il ne se développe pas d’abord en descendant vers les riches prairies, mais en remontant et longeant les hauteurs entre les deux rivières, où l’on aperçoit encore, sur une étendue de plusieurs milles, d’anciens établissements qui attestent les desseins des pre-