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qui viennent après lui, usant du pouvoir constamment croissant de passer à la culture de terrains plus fertiles, et devenant aussi de plus en plus, de génération en génération, les dominateurs de la nature, la forçant à travailler à leur profit et s’avançant constamment, de triomphe en triomphe, avec un invariable accroissement dans la puissance d’association, dans le développement de l’individualité, dans le sentiment de la responsabilité, et dans la faculté de faire de nouveaux progrès. De ces deux tableaux, quel est le vrai ? C’est ce qu’il faut établir par la détermination d’un fait : Comment les hommes ont-ils agi autrefois ? et comment agissent-ils aujourd’hui par rapport à l’occupation de la terre ? Si l’on peut démontrer que, dans tous les pays et dans tous les siècles, l’ordre des événements qui se sont succédé a été en opposition directe avec celui que M. Ricardo suppose avoir existé, alors sa théorie doit être abandonnée comme tout à fait dénuée de fondement. Qu’il en ait été ainsi, et que partout, dans, les temps anciens et modernes, la culture ait toujours commencé par les terrains les plus ingrats, et que l’homme n’ait pu, que grâce au développement de la population et de la richesse, soumettre à la culture les terrains plus fertiles, c’est ce que nous allons démontrer maintenant par un examen succinct des faits, tels qu’ils s’offrent à nous dans l’histoire du monde.

Nous commençons cet examen par les États-Unis, par la raison que leur établissement étant de date récente et se trouvant encore en progrès, la méthode que le colon a été, et est encore porté à suivre, peut être indiquée facilement. Si nous constatons qu’il commence invariablement par les terrains élevés et maigres qui n’exigent que peu de défrichement et aucun drainage, lesquels ne peuvent rendre au travail qu’une faible rémunération, et qu’aussi invariablement il passe, des terrains élevés aux terrains plus bas, lesquels ont besoin à la fois d’être défrichés et drainés, nous aurons alors présenté au lecteur un tableau véritable confirmé par la pratique, au moins par la pratique dans l’Amérique du nord. Si cependant nous pouvons alors suivre le cultivateur dans l’intérieur du Mexique, à travers le Brésil, le Pérou et le Chili, en Angleterre et dans toute l’étendue de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Grèce et de l’Égypte, dans l’Asie et dans l’Australie, et démontrer que telle a été, invariablement, sa méthode d’action, on peut