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« La plante, dit le professeur Johnston, dans l’article auquel nous avons déjà fait de si larges emprunts, est l’esclave de l’animal. L’homme, continue-t-il, placé sur la terre, s’il n’y eut été précédé par la plante, serait un être complètement dépourvu de secours. Il ne pourrait vivre de la terre ou de l’air ; et cependant son corps a besoin d’une quantité constante des éléments que chacun d’eux contient. C’est la plante qui choisit, recueille et réunit ces matériaux indigestes, et en fabrique des aliments pour l’homme et les autres animaux. Et ceux-ci n’apparaissent que pour rendre à leurs esclaves laborieux les matériaux de rebut dont ils ne peuvent plus faire usage, en qu’ils soient soumis à une nouvelle élaboration et deviennent des aliments agréables au goût. Considérée sous cet aspect, la plante semble uniquement l’esclave de l’animal ; et cependant combien cette esclave est dévouée ! Combien elle est belle et intéressante ! Elle travaille sans cesse et pourtant elle s’impose à elle-même sa tâche. Elle se fatigue jusqu’à en mourir ; et cependant elle renaît à un moment précis, aussitôt que le printemps reparaît, jeune, belle et aussi bien disposée que jamais, reprenant avec joie l’œuvre à laquelle elle est destinée[1]. Toutefois elle ne peut agir ainsi qu’à la condition que les matériaux de rebut dont l’homme ne peut plus faire usage, retourneront à leur point de départ. »

Ces matériaux, ainsi que nous l’avons vu, sont tirés principalement de l’atmosphère ; mais pour qu’ils puissent lui être empruntés,

    laisse le désert, une terre méconnaissable et dévastée ; car le puéril désir de la destruction, ou le gaspillage insensé des trésors de la végétation, a fait disparaître le caractère de la nature, l’homme lui-même fuit épouvanté le théâtre de ses actes, abandonnant le sol appauvri aux races barbares ou aux animaux, aussi longtemps que lui sourit encore un autre lieu dans sa beauté virginale. Là, de nouveau pressé par le désir égoïste de son profit personnel, et suivant, sciemment ou à son insu, l’abominable principe d’une si grande abjection morale, exprimé par un être humain : Après nous le déluge, il recommence l’œuvre de destruction. C’est ainsi que la culture a été chassée de l’Orient, et c’est là peut-être l’origine de ces déserts dépouillés de leurs ombrages d’autrefois ; semblable aux hordes qui jadis fondirent sur la belle Grèce, c’est ainsi que le torrent de la conquête se précipite avec une effrayante rapidité, de l’est à l’ouest à travers l’Amérique, et que le planteur d’aujourd’hui abandonne la terre déjà épuisée et le climat de l’est, devenu infécond par suite de la destruction des forêts, pour introduire une révolution semblable dans les parties les plus reculées de l’ouest. (Schleiden, La Plante, p. 306.)

  1. Blackwood’s Magazine.