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parmi les molécules dont se composent l’air et l’eau. « La congélation, dit le docteur Clarke, est la charrue de Dieu qu’il pousse à travers chaque pouce de terre, brisant chaque fragment et pulvérisant le tout, » et rendant ainsi toutes les parties propres à former facilement de nouvelles combinaisons.

Les parcelles de terre ainsi obtenues sont mises, par le mouvement des eaux, en relation étroite et réciproque, et c’est ici que nous trouvons la différence amenant la combinaison et produisant le mouvement. Plus la variété des parties est considérable, plus sera grande l’aptitude du corps composé à fournir l’entretien à la vie végétale, ainsi qu’on le constate dans les deltas du Mississippi, du fleuve des Amazones et du Gange, qui tous nous offrent des arbres d’une dimension gigantesque, environnés d’arbustes de tout genre, se développant avec une exubérance prodigieuse. C’est là que nous trouvons des formes plus humbles de la vie animale. Mais l’impureté de l’air empêche que, de longtemps encore, ces lieux puissent être habités par l’homme, ou même par les animaux d’un ordre élevé.

D’immenses quantités de cette terre sont entraînées dans l’Océan ; là elle disparaît pour passer dans l’estomac de myriades d’êtres animés dont celui-ci est le séjour. Des sondages pratiqués récemment dans les profondeurs de l’Atlantique ont révélé ce fait, qu’on ne voit point la terre adhérer à la ligne de sonde, tandis que cette dernière amène du fond de l’Océan, des myriades d’animaux microscopiques.

« Dans son sein, dit un écrivain moderne, on voit à l’œuvre, de tout petits insectes, auxquels la nature a imposé, outre la nécessité de chercher leur nourriture et d’avoir soin de leurs petits, la tâche perpétuelle de se construire de nouvelles demeures. Pour se défendre et pour s’abriter, le Mollusque se livre à un travail incessant, réparant, agrandissant et restaurant sa demeure ; lorsqu’il meurt enfin, il la laisse comme un nouvel appendice qui s’ajoute à la masse épaisse et toujours croissante du calcaire coquillier. Dans les mers plus méridionales, sur un espace de plusieurs milliers de lieues, des insectes encore plus infimes élèvent leurs massifs remparts de coraux qui, tantôt revêtant une longue étendue de côtes et tantôt formant la ceinture d’îles solitaires, défient la mer la plus furieuse ; et à mesure que