Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réciproquement, ce qui aboutirait promptement à l’extermination de leur espèce. C’est pour cette raison que la vie végétale a dû nécessairement précéder la vie animale. Que les choses se soient passées ainsi, c’est ce qui est prouvé surabondamment par les recherches des géologues, qui, en retrouvant dans les roches l’histoire des siècles passés, démontrent qu’une longue période s’est écoulée, postérieurement à la croissance des lichens et des fougères dans les premiers âges du monde, avant que l’espèce la plus humble d’animaux fît son apparition sur la terre.

« L’organisme animal, au contraire, exige, pour se soutenir et se développer, des atomes fortement organisés. La nourriture des animaux, en toute circonstance, est composée de parties d’organismes. Tandis que quelques-uns d’entre eux se nourrissent directement de substances végétales, d’autres auxquels il est nécessaire que la matière se soit élevée à un plus haut degré d’existence vitale, avant de se l’assimiler, se repaissent d’animaux d’un ordre inférieur. Possédant une moindre faculté d’assimilation, il faut que leur nourriture, à l’aide d’agents intermédiaires, ait formé des combinaisons plus en harmonie avec celles de leurs propres tissus que l’organisation végétale même. Sans un arrangement et une gradation de cette espèce, les êtres d’une nature plus élevée seraient condamnés à périr par défaut d’aliments, ou à dépenser toute leur activité en transformations chimiques, sans en réserver aucune partie pour la locomotion ou tout autre effort musculaire. Nous pouvons remarquer ici, qu’avec cette nécessité de vaincre et de capturer sa proie, naît un degré de puissance intellectuelle, qui rend les animaux carnivores capables de former certains plans, et d’accomplir, par suite de leur association avec leurs semblables, des choses qui dépasseraient leur pouvoir s’ils étaient privés de ce secours. L’araignée tisse sa toile avec art pour attraper des mouches, et les loups se réunissent en meute pour chasser. Partout les fonctions supérieures s’allient à une énergie moindre dans les fonctions inférieures. Les êtres chez lesquelles ces dernières prédominent se suffisent à eux-mêmes et sont indépendants ; mais ils ont peu de portée dans l’instinct et peu de pouvoir, au delà de ce qu’exige la satisfaction des grossiers besoins primitifs. En remontant