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Trois mois s’écoulèrent sans amener de changement dans la vie honteuse de Victor. Il avait dépensé les cinquante dollars que Jean-Charles lui avait donnés et tout l’argent qu’il avait gagné chez son patron. Puis se trouvant pris au dépourvu, il n’avait pas reculé devant un infâme mensonge pour arracher trente dollars à Mme  de Courcy.

Voici le subterfuge qu’il avait employé.

Un jour, il dit à la bonne veuve : Depuis longtemps, nous consacrons, mon ami et moi, la plus grande partie de nos loisirs à la préparation d’un ouvrage sur le droit canadien, que nous voudrions publier en brochure. Le coût de l’impression s’élèverait à cent-cinquante dollars, mais si nous pouvions donner à présent le tiers de cette somme à l’éditeur, celui-ci se mettrait immédiatement à l’œuvre, et dans un mois nous pourrions mettre notre ouvrage en vente chez tous les libraires de la province. De plus, nous avons l’assurance de sir George Prévost que l’état en achètera cent exemplaires. De sorte que nous sommes sûrs de réaliser un joli bénéfice. Mon ami possède vingt-cinq dollars, mais, malheureusement, je ne suis pas en mesure de fournir la même somme, et, si je l’osais, je vous prierais de me la prêter.

— C’est vingt-cinq dollars qu’il vous faut ?

— Oui, chère madame.