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Dieu et… un peu au médecin aussi le soin de ces choses…

Enfin, l’heure de la délivrance arriva pour Jean-Charles.

Le matin du seizième jour, à 4 heures, il se rendit à la grange. Ayant allumé une lanterne, il s’arma d’un fléau et se mit à battre le grain. Sous ses coups mesurés, les épis gémissaient et rendaient leurs grains qui volaient comme une poussière d’or.

À midi, aux sons de la cloche, il s’arrêta pour réciter la sublime prière de l’angélus, puis se remit à l’ouvrage jusqu’à ce que sa sœur vînt lui dire qu’on l’attendait depuis longtemps pour dîner.

Il était près d’une heure. Son père venait d’arriver avec une charge de bois.

Le père et la mère Lormier grondèrent leur fils d’avoir travaillé toute la matinée sans venir se reposer.

— Bah ! répondit le jeune hercule, je n’ai pris qu’un petit exercice pour me mettre en appétit. D’ailleurs, je ne me suis jamais senti aussi bien que depuis que j’ai repris le travail.

— Tu te fais peut-être illusion, dit la mère ; en tout cas, il ne faut pas abuser de ses forces ; tu n’iras pas travailler cette après-midi.

— Voyons, ma mère ! je vous prie de me laisser travailler ; si vous saviez comme le travail me fait du bien !