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Nous renonçons à décrire la scène qui eut lieu quand le jeune héros arriva chez lui. Sa mère lui sauta au cou et le couvrit de baisers et de caresses. Elle riait et pleurait à la fois ! Oui, elle pleurait, cette pauvre mère ! car, bien des fois, depuis le départ de son enfant, elle s’était adressé d’amères reproches au sujet des injustices qu’elle comprenait avoir commises envers ce fils si bon, si tendre et si généreux ! En même temps, elle se reprochait d’avoir trop choyé Victor, qui la payait d’ingratitude. Je suis peut-être la cause du départ de Jean-Charles pour la guerre, se disait-elle encore : il a fui ce toit où la tendresse lui manquait !

Parfois, elle s’écriait : « Mon Dieu, faites que mon enfant revienne ; s’il lui arrivait quelque malheur, j’en mourrais ! S’il revient, ô mon Dieu, je vous fais la promesse de l’aimer comme il mérite de l’être, et de lui donner tous les soins qu’une bonne mère doit donner, sans préférence, à tous ses enfants ! »

Maintenant, elle le voyait, cet enfant trop longtemps méconnu ; elle l’étreignait sur son cœur et aurait voulu, en une minute, réparer les fautes de plusieurs années !

Le Dr Chapais mit fin à ces transports en faisant observer délicatement à Mme Lormier que son fils était bien fatigué et qu’il avait besoin d’un repos du corps et de l’esprit.