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question de la guerre les mêmes principes que son mari et son enfant.

— Voyons, fit Jean-Charles, en s’adressant à Victor, j’espère que tu ambitionnes comme moi l’honneur de servir le pays ?

— Moi ? moi ? riposta Victor, sur un ton ironique ; allons donc ! Je suis trop patriote pour prêter le concours de mes bras aux Anglais… Va te faire casser la tête pour eux, si cela te plaît, mais n’insulte pas à mon patriotisme !

Le père Lormier, indigné d’entendre cet insolent langage, dit à Jean-Charles : « Va, mon enfant ! et que Dieu te protège ! »

Victor comprit la bévue qu’il venait de commettre, et voulut la réparer par ces paroles : « J’ai mes opinions là-dessus, mon cher Jean-Charles, mais je respecte les tiennes, et j’admire le zèle qui t’anime ! »

Un triste silence fut la seule réponse que Victor reçut… Voyant que personne ne daignait relever ses remarques, il se remit à manger avec un appétit vorace, tout en lançant, à la dérobée, à son vaillant frère, un regard chargé de haine.

Quel débarras pour moi, pensait-il, si cet imbécile-là pouvait se faire casser la caboche par les Américains…