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LE RETOUR AU PAYS

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Jean-Charles habitait Berlin depuis quinze ans.

Sa vie était maintenant monotone et languissante.

Un matin, il éprouva les atteintes d’un mal qui l’avait fait souffrir pendant plusieurs années, mais dont il s’était cru guéri pour toujours.

C’était le mal du pays. Il sentait de nouveau s’allumer en son cœur le désir intense de revoir le pays natal. Désir mystérieux, dévorant, incontrôlable, qui s’enfonce dans le cœur comme la lame d’une épée, y pratique une blessure profonde, lancinante, insondable !

Pour combattre ce mal cruel, Jean-Charles eut recours à la prière, au travail, à l’étude, à la pêche, à la chasse, à tous les moyens enfin que la foi et la raison purent lui suggérer. Ce fut inutile. La blessure était là, se creusant tous les jours, et tous les jours causant des douleurs plus intolérables.

L’image de la patrie lointaine se fixait dans son imagination et devant ses yeux ; il la portait en tous lieux et à tous les instants.