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regard, et celui-ci lui fit un signe qui voulait dire : donnez-lui une chance.

— C’est bien, c’est bien ! dit le fermier. Viens dîner. Mais je t’avertis que si tu recommences à boire ou si tu maltraites ton enfant, je te mettrai à la porte pour toujours !

— Ne craignez rien, M. Kelly : je n’ai qu’une parole, et je vous l’ai donnée…

L’ivrogne demeurait chez le vieux fermier depuis cinq semaines, et il avait tenu parole.

Mais il n’avait pas assisté une seule fois à la messe, ce qui chagrinait beaucoup Jean-Charles.

Le sixième dimanche, en entrant dans l’église avec l’orphelin, notre héros vit Frank O’Neil qui se tenait à genoux, à l’ombre d’un pilier, le front dans les deux mains.

Sa présence dans le temple causa à Jean-Charles et au petit muet une joie indicible. Ils avaient prié pour obtenir la conversion du malheureux, et ils voyaient que le ciel n’était pas resté insensible à leurs prières. Ce matin-là ils prièrent avec plus de ferveur que jamais.

Le dimanche suivant, l’ivrogne, après avoir fait une confession générale, eut le bonheur de s’approcher de la sainte table. Dieu venait de faire un miracle en faveur de cette victime de