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dénaturé, il lui fait comprendre qu’il l’assommera s’il maltraite encore son enfant.

Sur la promesse qu’il ne recommencera plus, l’ivrogne est remis en liberté, et s’éloigne en se tenant les côtes…

Le surlendemain au midi, Frank O’Neil se présentait chez le père Kelly pendant que toute la maisonnée était à table.

En l’apercevant, le petit muet se pressa contre le géant comme pour se mettre sous sa protection.

Le misérable était sobre. Il entra, le chapeau sous le bras, et demanda au vieux fermier s’il voulait bien lui donner de l’ouvrage.

— Non ! répondit sèchement celui-ci.

— Pourquoi donc, monsieur, refusez-vous de m’employer ?

— Parce que tu es un ivrogne, un paresseux et un père dénaturé !

— J’admets, monsieur, que j’ai été tout cela ; mais j’ai bien réfléchi depuis deux jours, et j’ai pris la résolution de ne plus boire, de travailler comme un homme de cœur, et de bien traiter mon enfant.

— Bah ! ce sont des promesses d’ivrogne que tu fais là…

— Je vous assure, monsieur, que je tiendrai mes promesses. Veuillez me mettre à l’épreuve.

Le père Kelly interrogea Jean-Charles du