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Le lendemain matin, il arrivait à Berlin, New Hampshire.

Il avait franchi, en cinq nuits, une distance de cent soixante-quatre milles !

Les beaux jours de l’été avaient fui, et les habitants de Sainte-R… pleuraient encore la disparition de Jean-Charles.

Pendant plusieurs semaines, le curé et ses paroissiens avaient fait les plus actives recherches sans avoir pu découvrir les traces du malheureux fugitif.

Quelques uns croyaient que notre héros s’était noyé en voulant traverser le fleuve ; car la marée montante avait ramené, le lendemain, au rivage, les pièces éparses du radeau dont le malheureux s’était servi.

Quoi qu’il en soit, des prières publiques furent dites à l’intention du cher disparu, et tous les habitants de Sainte-R… prirent le deuil en son honneur.

L’abbé Faguy — ce cœur pourtant si fort et qui savait si bien consoler les autres dans leurs afflictions — se montrait inconsolable de la disparition de son ami.

L’hypothèse de la noyade lui paraissait absurde : Jean-Charles était trop habile nageur ; et d’ailleurs on aurait retrouvé son corps.