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— Eh bien ! il le prendra comme il voudra, je me fiche pas mal de ce brûlot-là, moi !

— Chut ! dit William en riant ; la discipline nous oblige à respecter nos chefs ! Puis il ajouta, en levant son verre : « À la santé de Lord Gosford, notre estimable gouverneur-général ! »

— Oui ! avec plaisir, dit John. J’aime et respecte Lord Gosford : c’est un gentilhomme ; et si les Canadiens-français et les Irlandais n’obtiennent pas justice, nous ne pouvons pas en imputer la faute à Lord Gosford.

— Est-ce que nous retournons au camp, maintenant ? demanda William.

— Oui, allons-y ! répondirent les autres.

Ils étaient tous à moitié ivres !

Cinq minutes plus tard, ils s’en allaient en chantant : « For he is a jolly good fellow. »

Les soldats étaient plutôt altérés qu’affamés, car ils avaient vidé leurs deux bouteilles de liqueur, et avaient laissé intactes au pied de l’arbre trois boîtes de conserves.

Chaque boîte contenait quatre livres de langues salées.

Cet oubli, dans les circonstances, était pour Jean-Charles le salut ; il souffrait horriblement de la faim. Aussi, lorsque les soldats furent partis, s’empressa-t-il d’aller chercher le trésor.

Les langues salées étaient délicieuses, et notre héros aurait pu facilement en manger