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Puis avec les dernières paroles du prêtre, le mourant exhala le dernier soupir en disant, cette fois, d’une voix entre-coupée : « Doux… cœur… de Jésus…, mi…sé…ricorde ! »

L’incendie, la fuite de Jean-Charles et la mort si tragique de Victor, avaient jeté l’émoi, la douleur et la tristesse parmi l’honnête et paisible population de Sainte-R…

Aussi, le lendemain matin, des centaines de personnes assistèrent à la messe qui fut dite à cinq heures par le curé Faguy. Il y avait presque autant de monde que le dimanche.

Après la messe, plusieurs groupes se formèrent à la porte de l’église, et chacun commenta à sa manière les tristes événements de la nuit.

Tous savaient que le notaire Lormier avait été blessé par une balle et qu’il était mort de sa blessure ; mais la plupart, ignorant encore les détails de la tragédie, croyaient tout bonnement que Jean-Charles, dans un moment de colère et de découragement, avait tué son misérable frère afin de s’en débarrasser…

Avouons que la fuite précipitée de Jean-Charles était bien propre à accréditer cette croyance.

Cependant, les sympathies de la foule penchaient plutôt du côté du meurtrier que du côté de la victime…