Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 272 —

La lecture de cette lettre plongea M. et Mme  de LaRue dans une profonde tristesse. Ils aimaient tendrement leur fille, leur unique enfant, et il leur en coûtait de s’en séparer pour toujours…

Cependant, ils étaient trop bons chrétiens pour vouloir s’opposer aux desseins de la Providence.

M. de LaRue était un brave homme ; il n’avait qu’un seul défaut — défaut bien détestable, il est vrai — la vanité. Mais il ne parlait plus maintenant de la noblesse de son origine ; et s’il n’eût craint d’attiser contre lui les épigrammes de ses ennemis, il aurait biffé la particule « de » qu’il avait si amoureusement accolée à son nom…

Mais, hélas ! il était condamné à la garder jusqu’à la mort, cette cruelle particule !

— Qu’allons-nous faire ? demanda M. de LaRue, en s’adressant à sa femme.

À présent, il aimait à prendre conseil de sa femme.

— Ce que nous allons faire ? Nous allons retourner à Montréal le plus tôt possible, afin d’être plus près de notre fille et d’avoir l’avantage de la visiter souvent. Puis, lorsqu’elle aura prononcé ses derniers vœux, si ses supérieures l’envoient à l’étranger, eh bien ! nous reviendrons à Sainte-R… pour y finir nos jours.