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— Tenez, mademoiselle, vous allez avoir l’occasion de vous expliquer avec Jean-Charles, car le voilà !

— Oh ! M. le curé, je me sauve… Mon père m’a même défendu de revoir Jean-Charles…

— Dans ce cas, mademoiselle, obéissez à votre père, et que Dieu et la Sainte-Vierge vous protègent !

— Merci ! M. le curé.

Les deux fiancés ne se rencontrèrent pas. Corinne sortit par une porte et Jean-Charles entra par une autre.

La figure de notre héros portait l’expression de la douleur la plus intense.

Il avait bu, pendant quelques jours, à la coupe d’un bonheur parfait, — trop parfait pour être durable, — et la coupe enchanteresse venait de se briser…

Il serra silencieusement la main tremblante du prêtre, et se laissa choir sur un siège en exhalant cette plainte : « Mon Dieu, que je souffre ! »

— Oui, mon ami, je le sais, et je vous prie de croire que je ressens autant que vous le malheur qui vous frappe. Mais attendons tout de la bonté infinie de Dieu !

— Il n’y a donc pas de bonheur, ici-bas, M. le curé ?…

— Oui, mon ami ! Mais il ne faut pas croire