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— Voyons, M. le notaire, expliquez-vous, je vous en prie…

— Je veux dire que mon frère sera plus chanceux que vous et mademoiselle de LaRue.

— Je comprends de moins en moins, M. le notaire !

— Écoutez, M. le préfet. En laissant échapper ces mots : « Que c’est donc malheureux ! » J’ai voulu exprimer qu’en permettant à votre fille d’épouser un habitant, vous portiez atteinte à votre dignité de candidat et que cette mésalliance pourrait vous susciter de l’opposition et vous conduire à une défaite… En supposant même que, malgré cela, vous remportiez la victoire, croyez-vous que les ministres et vos collègues, qui viendront vous visiter dans votre splendide villa, seront bien flattés de presser la main calleuse de votre unique gendre… Que dis-je ? ces grands personnages briseront votre cœur en ridiculisant votre chère enfant… Vous perdrez, d’emblée : bonheur, prestige, influence !

— Vous avez mille fois raison, M. le notaire ! et dire que j’ai été trop sot pour penser à cela !…

— Quant à moi, reprit Victor, je suis très heureux de ce mariage ; mais c’est dans l’intérêt de votre candidature que je fais ces remarques. Si vous tenez à ce mariage, je vous conseille de renoncer à la candidature…