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et d’une procession en plein air, quand la température le permet.

Ces manifestations ravivent dans les cœurs l’amour de la religion et de la patrie.

Pourquoi, M. le curé, n’implanteriez-vous pas ici ces belles coutumes de la France ?

— Je le voudrais bien, répondit l’abbé Faguy, mais il ne faut pas oublier que la situation est encore tendue entre la France et l’Angleterre ; et, en faisant ces manifestations, je craindrais de blesser certains Anglais qui y verraient peut-être une provocation.

— Allons donc ! les Anglais d’aujourd’hui sont trop intelligents et trop généreux pour défendre aux Canadiens-français de manifester leur patriotisme… Du reste, rien ne vous empêche de donner à ces fêtes un caractère de loyauté, en déployant les drapeaux anglais à côté des drapeaux français, et, dans votre sermon, en exhortant vos paroissiens à respecter l’autorité britannique.

— J’y penserai, j’y penserai, dit le curé. Et, après y avoir sérieusement pensé, il décida de célébrer les fêtes dont l’abbé Failloux lui avait fait la description.

Donc, le 23 juin au soir, aux sons joyeux de la cloche de l’église, tous les habitants de Sainte-R…, précédés de leur vénérable curé, de l’abbé Failloux et des enfants de chœur, sui-