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UN DOUBLE COMPTE DE MÉDECIN

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Depuis trois semaines, Victor gardait sa chambre.

Une désolante solitude s’était faite autour de lui. Seul le Dr Lamouche était venu chaque jour lui apporter des soins et des distractions. Notre étudiant s’indignait de cet abandon des amis.

Les lâches ! se disait-il ; moi qui ai jeté l’argent à pleines mains pour leur procurer toutes sortes de plaisirs ! Moi qui me suis sacrifié pour eux en mille circonstances ! Ah ! les lâches ! les ingrats !

Pauvre malheureux ! C’était plutôt un service que ses amis lui rendaient en ne le compromettant pas par leurs visites suspectes ! Et puis cette abstention intelligente prouvait qu’il restait un fond de pudeur au cœur de ces jeunes compagnons de débauche.

Du reste, l’ami vrai, le seul qui n’abandonne personne, qui console et soutient toujours, était là, cloué au crucifix, les bras et le cœur ouverts !

Si Victor s’y était jeté, il aurait trouvé, avec la consolation, la force de dompter ses passions et de régner sur lui-même. Mais, l’insensé !