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mollement ses plis en modulant sa chanson monotone et reposante.

Quelques jeunes gens bien délurés s’agitent sur le rivage. Ils gesticulent et parlent tous à la fois. On les dirait sur des charbons ardents.

— Tiens ! voilà Joachim Bédard ! s’écrie l’un d’eux, en jetant son chapeau en l’air.

— Hourra ! hourra ! font les autres, en entourant le nouveau venu.

— Que me voulez-vous donc ? demande Joachim Bédard, étonné et ahuri.

— Ce que nous te voulons, cher petit Joachim, reprend Pitre Verret, le plus bavard de la bande, c’est que tu nous prêtes ta chaloupe pour aller faire un tour sur cette charmante nappe d’eau, et, va sans dire, que tu viennes avec nous, mon petit cœur ! Puis, sans lui donner le temps de répondre, il continue : « Vois ta barque onduler et parfois bondir, comme si elle voulait briser sa chaîne. Vite ! sors ta clef, et rends la liberté à cette gentille prisonnière ! ».

— Oui, oui ! approuvent les autres lurons, désireux de se signaler aux regards, autant que de naviguer.

— C’est bien ! fait Joachim Bédard ; allons-y !

— Moi, je vous conseille de ne pas y aller ! dit, sur un ton autoritaire et prétentieux, un petit vieillard nerveux qui interrogeait le firmament.