Page:Cantillon - Essai sur la nature du commerce en général.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ner telle tournure qu’il voudra au travail de ses Sujets.

Si chaque Propriétaire, dans un État, n’avoit qu’une petite portion de terre, semblable à celle qu’on laisse ordinairement à la conduite d’un seul Fermier, il n’y auroit presque point de Ville ; & les Habitans seroient plus nombreux & l’État seroit bien riche, si chacun de ces Propriétaires occupoit à quelque travail utile les Habitans que sa terre nourrit.

Mais lorsque les Seigneurs ont de grandes possessions de terres, ils entraînent nécessairement le luxe & l’oisiveté. Qu’un Abbé, à la tête de cinquante Moines, vive du produit de plusieurs belles Terres, ou qu’un Seigneur, qui a cinquante Domestiques, & des Chevaux, qu’il n’entretient que pour le servir, vive de ces terres, cela seroit indifférent à l’État, s’il pouvoit