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VIE DE MÉLANIE

moi ; elle me mit au service de la première personne qui se présenta, quoique les montagnes fussent encore couvertes de neige.

Courait l’année 1843, depuis deux ou trois mois. Une bonne femme du village de Sainte-Luce, de la commune de Saint-Jean-des-Vertus, à qui, paraît-il, ma mère m’avait louée, vint me chercher. Cette bonne et pieuse famille se composait du père, de la mère et de deux filles âgées de plus de vingt ans. La prière du soir se faisait régulièrement en commun. Je me consolais en voyant que mon bien-aimé Sauveur que j’aurais voulu aimé et servi de tous était servi dans cette famille.

Peu de jours après je commençai à sortir avec les brebis ; je rencontrai des bergers qui allaient aussi faire paître leurs troupeaux. Ils m’invitèrent à mettre mes brebis avec les leurs ; je ne voulus pas parce que mes brebis ne me connaissaient pas encore et que moi non plus je ne les connaissais pas suffisamment. Mon refus leur déplut : bergers et bergères me dirent que s’ils voyaient les loups attaquer mon troupeau, ils ne me viendraient pas en aide pour les chasser. Ces bergers se dirigèrent alors vers le bas de la montagne, et j’allai plus haut, vers un bois.