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VIE DE MÉLANIE

Peu de jours après, je me trouvais dans le jardin, ma maîtresse vint m’y trouver et, avec humilité et bonté, me dit : « Ma fille, vous rappelez-vous quand je vous accusais de m’avoir volé une grosse somme d’argent ?… Répondez-moi. » Je lui dis : « Je me souviens d’avoir souvent offensé mon Dieu et de vous avoir donné beaucoup de déplaisirs ; et vous, si bonne, m’avez supportée avec bien de la patience et de la bénignité ; c’est pourquoi j’implore le pardon de mon Jésus crucifié et le vôtre. » Elle me répondit qu’elle ne me demandait pas de me confesser, mais seulement si je me souvenais de ce qu’elle m’avait accusée de lui avoir volé son argent ; que maintement elle voulait et devait me dire que ce n’était pas vrai, qu’elle avait voulu feindre d’avoir perdu tout son argent pour mettre Maurice à l’épreuve et voir si, sans qu’elle eût de l’argent, il serait content quand même d’épouser sa fille, etc., etc.

Le jeudi suivant, ma maîtresse m’accompagna à Corps pour me rendre à mes parents. Ma chère mère se rappelant mes impertinences ne voulait pas me recevoir. Ma maîtresse faisait valoir le pacte fait avec mon père, d’après lequel je devais être rendue vers la fin de novembre ; elle ajou-