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VIE DE MÉLANIE

tresse était une personne sérieuse et pieuse ; elle s’était aussitôt affectionnée à moi ; mais avec mon triste caractère, je correspondais peu ou pas du tout à ses bonnes manières. J’étais une vraie sauvage et m’éloignais toujours de qui aurait essayé de m’approcher. Un jour après-midi la Maîtresse me dit avec bonté : « Sœur (tout le monde m’appelait sœur parce que j’avais dit que c’était mon nom), laissez-moi arranger un peu votre chevelure. » Aussitôt je dis : « Non, non, elle est bien comme cela. » Après quelques minutes elle revint me dire qu’elle aimerait à arranger mes cheveux, que mon père lui avait bien recommandé d’avoir bien soin de moi, et que ma tante lui avait fait la même recommandation que mon père. En entendant cela mon dur cœur s’attendrit ; de plus j’aimais beaucoup mon père et je ne voulais pas lui causer de la peine. Alors, malgré ma grande répugnance à me laisser approcher, la Maîtresse, avec une grande charité, essaya de peigner mes cheveux tous embrouillés et collés par le sang qui parfois coulait et (si je n’avais pas pu le laver) séchait dans mes cheveux. La bonne Maîtresse d’école ne put, ce jour-là, réussir à me peigner selon son désir : elle se contenta de relever mes che-