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VIE DE MÉLANIE

fut perdue de la manière que je vais dire. Le père étant allé pour travailler dans un village un peu éloigné avait dit à la mère : « Si je ne reviens pas samedi soir, vous ne m’attendrez pas de toute la semaine suivante. » Le samedi, le père n’étant point arrivé, on l’avait attendu jusqu’à minuit. Avant de se coucher, la mère vint vers le lit où, cette nuit-là (afin que le père ne dît pas qu’on ne soignait pas cette enfant), elle avait fait coucher la Louve ; elle la fit lever et la mit dehors. La pluie tombait en abondance ; le temps était très sombre de sorte que la Sauvage ne voyait pas à se conduire. Elle traversait la grand’route lorsqu’elle la vit embarrassée par une espèce de grande charrette couverte : elle se mit dans cette charrette et s’y endormit. Le maître ne tarda pas de venir atteler ses chevaux et partit. Il était déjà très loin et le jour était venu. La Sauvage fut réveillée par le bruit du Drac. Aussitôt elle pousse des cris. Le pauvre charretier, tout stupéfait de voir cette jeune enfant dans sa charrette, ne savait que dire. Il pense que quelque personne, pour s’en défaire, l’y avait mise… Enfin il arrête ses chevaux : — « D’où es-tu, petite ? » lui demanda-t-il. — « Je ne suis pas d’endroit », dit l’enfant. — « Comment