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une mentalité bien nettement distincte. Peuplée par une race celtique fortement attachée à ses traditions, sans toutefois être ennemie du progrès comme on le croit assez généralement, la Bretagne, ou tout au moins la Basse-Bretagne, a conservé l’héritage précieux de la langue bretonne. Cette langue, apparentée de très près à celle que parlaient les ancêtres des Français, avant la conquête romaine et à celles que parlent encore aujourd’hui les Gallois comme M. Lloyd George et les Irlandais est dédaignée, ignorée par les pouvoirs publics et son emploi est même formellement interdit à l’école, ce qui est monstrueux en ces temps de liberté et de culture. Quoiqu’il en soit, la Bretagne représente en France la tradition celtique ; elle y est une lumière que la France ne peut laisser s’éteindre sans diminuer son propre éclat. Les Bretons savent mourir courageusement pour la Grande Patrie quand il le faut — Bleimor et tant d’autres l’ont bien montré, — mais l’idée celtique, l’idée bretonne que représente la Petite Patrie peut encore rendre de plus grands services que le sang breton lui-même à la France qui est, elle aussi, il ne faudrait jamais l’oublier, une nation celtique. Comme le disait le poète lui-même : « La Bretagne est un vaisseau à côté d’un autre plus grand, la France », mais pour qu’il en soit ainsi, il faut évidemment que notre pays ne soit pas étouffé par une centralisation contre nature et sottement poussée à l’excès ; il faut qu’il puisse se développer librement dans le sens où il peut atteindre au plein rayonnement de sa force, c’est-à-dire dans le sens breton, dans le sens celtique, et il lui faut pour cela conserver l’idiome si cher et si jalousement défendu par tant de générations.