Aussitôt la paix signée, que l’on fasse circuler en Bretagne une sorte de pétition au gouvernement, demandant l’enseignement de la langue et de l’Histoire de Bretagne dans toutes les écoles secondaires et supérieures de toute la Bretagne. Les signataires de cette pétition ? Tout le monde, mais avant tout les soldats, ceux qui auront versé leur sang pour la France, officiers, sous-officiers, simples soldats et marins. Rappeler les blessures, les citations, les morts. L’envoyer, cette pétition, au gouvernement et à chaque député et sénateur, mais aussi à tous les journaux, bretons et parisiens. Entre nous, je ne crois pas qu’elle obtienne de réponse des pouvoirs, mais ce sera une excellente occasion de faire de la publicité, du bruit. Il nous en faut à tout prix : pas de réussite sans cela. Il faudra crier fort, hurler, rugir. Petit moyen pour une grande cause, mais l’esprit de notre âge est petit. Il faut se mettre à sa portée. Quand la partie dirigeante de l’élite française sera bien convaincue de ceci : que la langue des héros bretons, celle qu’ils parlaient à Dixmude, en Champagne, en Artois en se lançant vers les assauts mortels, il est juste et convenable qu’elle soit enseignée dans leurs écoles, — notre cause sera gagnée. Mais voilà : il faudra profiter de l’état d’esprit d’après la guerre qui ne sera probablement plus le même cinq ans après. Il faudra agir tout de suite.
Donc pétition, et agitation de cette pétition. Agitation non pas d’un jour, ni d’une semaine, mais sans limites dans le temps, la plus longue possible, la plus puissante possible. Vous comprenez. C’est pour créer un rassemblement, pour attirer les bons esprits autour de la question. Examinée de bonne foi, la question bretonne serait vite résolue.
La guerre est un atout dans notre jeu. Un autre ce sera l’affaire de l’Alsace-Lorraine. Revenue à la France, cette province ne pourra pas être soumise au même régime que les autres, sous peine de lui faire regretter les jours où elle fut allemande. Lois antireligieuses, centralisatrices,