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JOURNÉE II, SCÈNE II.

laura, à part.

Je vois, à son visage, à son regard, le vrai sens qu’il attache à ces paroles.

la duchesse, lisant.

« Madame, je vous suis on ne peut plus reconnaissant des bontés que vous témoignez à Henri, et je ne le suis pas moins de l’honneur que vous m’avez fait de me répondre et de m’envoyer cette réponse par votre secrétaire. Il me sera impossible de m’acquitter jamais envers vous de l’une et de l’autre dette que je viens de contracter ; surtout lorsque mon âme est déjà votre esclave… » (À part.) Il est inutile que j’en lise davantage. (Haut.) Je vous remercie, Frédéric, de la diligence que vous avez mise à me servir.

frédéric.

Je suis fier, madame, d’avoir réussi à vos souhaits.

la duchesse.

Vous êtes sans doute fatigué ; allez vous reposer. Vous reviendrez plus tard, et nous achèverons quelques dépêches.

frédéric.

Permettez, madame, qu’avant de m’en aller, je remette à madame Laura cette lettre en votre présence ; j’estime et j’honore trop une personne qui est à votre service pour lui remettre un message dans un moment où cela pourrait vous offenser.

la duchesse.

De qui est cette lettre ?

frédéric.

Je l’ignore. Au moment où je partais, une dame est sortie de l’appartement de la duchesse mère et me l’a confiée. Cette dame est sans doute une de ses parentes ou une de ses amies.

fabio, à part.

À mesure que je l’entends, je deviens de plus en plus stupéfait et hébété.

laura.

Je reconnais l’écriture, madame ; elle est de madame Célia, et, avec votre permission, je me retire pour la lire. (À part.) Jusqu’à ce que j’aie complètement disparu à ses yeux, je serai plus morte que vive.

frédéric, bas, à Laura.

Lisez vite.

laura, bas, à Frédéric.

Soyez tranquille.

Elle sort.
la duchesse.

Allez avec Dieu.

frédéric.

Vivez éternellement, et que vos jours soient aussi brillants que le soleil.

Il sort.