Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome III.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE SECRET À HAUTE VOIX.

(EL SECRETO A VOCES.)


NOTICE.


Deux jeunes gens qui s’aiment de l’amour le plus tendre, mais qui, contrariés dans leurs amours, imaginent un stratagème afin de pouvoir se parler tout haut devant le monde, sans être compris, de ce qui les intéresse uniquement, telle est la situation principale de cette comédie et celle qui en a motivé le titre.

Les autres situations ne sont pas moins ingénieuses. Les scènes diverses où le valet, dont la curiosité est sans cesse en éveil, trouve son maître instruit de ses trahisons, sans qu’il puisse deviner d’où lui viennent les avis ; la scène des portraits ; la scène où le vieil Arnesto retient chez lui Frédéric pressé d’aller rejoindre sa maîtresse pour s’enfuir avec elle ; enfin, la grande scène du jardin, qui termine la pièce ; tout cela est charmant et de la plus heureuse invention.

Quand on considère dans son ensemble cette brillante composition, la variété des épisodes, leur suite, leur enchaînement, on est obligé de classer El Secreto à voces parmi les meilleures comédies d’intrigue de notre poëte.

Beaumarchais, qui avait dû voir représenter cette comédie pendant son séjour à Madrid, en a imité plusieurs situations dans le Mariage de Figaro, et, en particulier, la scène du dénoûment, qui lui a donné l’idée de son cinquième acte. Me permettra-t-on de l’avouer ? Je préfère la scène de Calderon, comme plus naturelle et plus vraisemblable.

Cette pièce a, en outre, inspiré à deux hommes de beaucoup d’esprit, MM. Désaugiers et Dumaniant, une comédie, malheureusement fort bourgeoise, qui fut jouée au commencement de ce siècle, sous ce titre : l’Adroite ingénue.