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JOURNÉE III, SCÈNE III.

charles.

Pendant mon absence il m’a enlevé ce qui m’appartenait.

anne, à part.

Je le vois, c’est de moi qu’il veut parler (Haut.) Et que vous a-t-il donc pris ?

charles.

Une forteresse qui paraissait invincible, mais qui à la fin s’est livrée à lui.

anne.

Il n’y a point de forteresse qui puisse résister à la majesté royale.

charles.

Il est vrai, tout se soumet à un roi.

anne.

Cette forteresse vous appartenait donc ?

charles.

J’en avais l’heureuse possession, et je me flattais de la conserver toujours en mon pouvoir. Mais à la fin tout change.

anne.

Je vous jure de vous donner satisfaction aujourd’hui même, s’il en est pour votre injure.

charles.

Il n’en est point.

anne.

Le croyez vous, Charles ?

charles.

C’est impossible.

anne.

Jeanne Seymour ?

jeanne.

Madame ?

anne.

Que les musiciens descendent au jardin. Je vais m’y rendre. (Jeanne sort. À Th. Boleyn.) Monseigneur, le roi attend.

boleyn.

Je vous obéis, madame, comme je le dois.

Il sort.
anne.

J’ai voulu, Charles, demeurer seule ici avec vous, afin de vous parler et de vous dire que l’on peut donner satisfaction à votre outrage. Aimée par un roi, et par lui servie, adorée, quelle résistance pouvait faire une femme ?

charles.

Que me dites-vous là ?

le roi, à part.

Qu’ai-je entendu ?

charles.

Si vous me disiez : « Vous vous êtes absenté, et dès lors vous ne