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LE PRINCE CONSTANT.

don fernand.

Hélas ! moi-même je ne puis le croire. — Belle Fénix, désireux de vous servir, je venais vous présenter ces fleurs, emblème de ma situation ; car elles sont nées avec l’aurore, et elles mourront avec le jour.

fénix.

Le nom de merveille fut avec raison donné à cette fleur[1].

don fernand.

Toutes les fleurs ne sont-elles pas des merveilles entre les mains d’un esclave comme moi ?

fénix.

Il est vrai. Qui a produit ce changement ?

don fernand.

C’est mon sort.

fénix.

Il est donc bien rigoureux ?

don fernand.

Vous le voyez.

fénix.

Tu m’affliges.

don fernand.

Vous ne devriez pas vous en étonner.

fénix.

Pourquoi donc ?

don fernand.

Parce que l’homme naît sujet à la douleur et à la mort.

fénix.

N’es-tu pas Fernand ?

don fernand.

Je le suis.

fénix.

Qui t’a réduit à cet état ?

don fernand.

La loi qui dispose des esclaves.

fénix.

Qui l’a faite ?

don fernand.

Le roi.

fénix.

Par quel motif ?

don fernand.

Parce que je lui appartiens.

fénix.

Il a donc cessé de t’aimer ?

  1. Plusieurs fleurs, et entre autres le liseron appelé belle de jour, portent en Espagne le nom de maravilla (merveille).