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JOURNÉE II, SCÈNE I.

ment. Ne pouvant entrer chez vous pour écrire ce billet, je vais l’écrire au premier endroit venu. Je reviens dans un moment, veuillez m’attendra.

Il sort.
vicente.

Adieu seigneur.

don lope.

Où vas-tu ?

vicente.

Où voulez-vous que j’aille, si ce n’est à la montagne ? Je vais vous y attendre ; car je prévois que vous ne tarderez pas à m’y rejoindre.

don lope.

Ne t’en va pas. J’aime, il est vrai, de toutes mes forces doña Violante ; mais je suis moi-même trop empêché dans l’aveu de mon amour pour m’offenser et m’irriter de l’amour qu’un autre a conçu pour elle ; de sorte que ce qui devrait soulever mon cœur est au contraire ce qui me donne du calme. Sachons donc souffrir quelque chose une fois dans la vie, et au lieu de faire un coup de tête, cherchons, Vicente, à nous tirer de là sans esclandre et sans bruit.

vicente.

Je vous admire, seigneur je ne vous connaissais pas tant de prudence… Je vois un moyen de sortir d’affaire.

don lope.

Quel est-il ?

vicente.

C’est que vous renonciez à cette dame, vous qui n’en êtes encore qu’au début de votre amour.

don lope.

Si cela m’était possible, je le ferais volontiers ; mais je l’essayerais vainement.

vicente.

Que ferez-vous donc ?

don lope.

Je ne sais. Mais attends ; la voilà qui sort de notre appartement.

vicente.

La visite n’a pas été longue.

don lope.

Au contraire, dans ce seul moment il s’est passé pour moi plus d’un siècle.


Entre DOÑA VIOLANTE.
doña violante.

Eh quoi ! seigneur don Lope, vous êtes encore là ?