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JOURNÉE II, SCÈNE I.

ce lieu ; vous ne devez avoir aucune crainte… Cette fois, madame, nous sommes au milieu du jour, et non pas au milieu de la nuit… Je ne vous parle pas, madame, pour vous offenser ; je ne vous parle que pour mettre ma vie à vos pieds, et vous dire que je vous suis deux fois reconnaissant.

doña violante.

La crainte que vous m’avez inspirée est si grande, que, même en vous voyant de jour, je ne sais si vous existez réellement, ou si vous n’êtes qu’une illusion. Du reste, don Lope, lorsque tout à l’heure en venant voir doña Blanca, je me suis en allée, ce n’a pas été à cause de vous ; c’est parce que j’ai vu ici je ne sais quel autre fantôme dont la lumière du jour est impuissante à me débarrasser.

don lope.

Madame, c’est un de mes amis avec lequel je causais. Dès qu’il vous a aperçue il s’est retiré pour ne pas vous gêner. Vous aimant avec passion, il s’est éloigné pour ne pas exciter votre colère ; et il a bien fait, puisque ainsi je puis parler.

doña violante, bas, à Elvire.

Eh quoi ! n’était-ce pas don Guillen ?

elvire.

Oui, madame.

doña violante, à part.

C’est donc en faveur de don Guillen qu’il me parle.

don lope.

Et puisque vous alliez chez ma mère, ne m’enlevez pas l’occasion, que je vous dois à vous-même, de vous offrir mes services.

doña violante.

Ne me persécutez pas, de grâce ; restez tranquille.

don lope.

Alors, je ne tiens plus à la vie.

doña violante.

Comment ! pour une occasion perdue, vous renonceriez à la vie !

don lope.

Hélas ! il en est de la vie comme de l’occasion ; l’une et l’autre, une fois perdues, ne peuvent plus se retrouver.

doña violante.

Eh bien, profitez de l’occasion que je vous ai donnée. Je vous écoute ; que voulez-vous me dire ?

don lope.

Tout ce que vous devez au plus tendre souvenir.

doña violante.

Vous vous êtes donc chargé de ses intérêts auprès de moi ?

don lope.

N’osant pas parler pour moi-même, je vous parle au nom d’un tiers ; car l’amour que vous inspirez rend timide.