je défends sa sœur de mon épée, n’est-ce pas proclamer hautement que je suis coupable, que j’ai trahi l’hospitalité ? Et si je raconte ce qui s’est passé, n’est-ce pas accuser celle qui se confie à moi, et ne serait-ce pas indigne d’un homme d’honneur ? — Que faire donc en une situation si cruelle ?… combattre et mourir ! (Haut.) Ne craignez rien, madame ; je suis un homme noble, et vous êtes avec moi.
On frappe, seigneur.
C’est sans doute don Louis qui revient avec une épée. Ouvre donc.
Hélas ! c’est mon frère !
N’ayez point peur ; je vous défendrai jusqu’à la mort.
Me voici… mais que vois-je ? (À doña Angela.) Ah ! perfide !
Modérez-vous, seigneur don Louis. — Depuis le moment où vous êtes sorti, je vous ai attendu dans cette salle, et cette dame est entrée ici. Elle est, dit-elle, votre sœur ; moi, je vous donne ma parole de cavalier que je ne la connais pas, et que si je lui ai parlé avant ce jour, ç’a été sans savoir qui elle était. — Maintenant il faut, au risque de ma vie, que je la mette en sûreté ; et notre querelle doit attendre. Après je reviendrai, et nous achèverons. Laissez-moi donc sortir pour une obligation d’honneur, comme je vous ai laissé sortir pour une épée.
Oui, je suis allé chercher une épée, mais c’était pour la mettre à vos pieds, noble et généreux don Manuel. — Quant à cette dame, qui est en effet ma sœur, personne que son mari ne l’emmènera à mes yeux hors de la maison. À cette condition, voyez ce que vous devez faire.
Que dites-vous ?
Prononcez.
Je suis trop heureux d’offrir ma main à votre sœur.
S’il ne manque plus que le parrain[1], me voilà, moi qui ai laissé ici ma sœur et qui ai tout entendu.
- ↑ Il y avait en Espagne le parrain de baptême et le parrain pour le mariage.