Nous l’avons échappé belle !… Et votre frère qui va chez moi me chercher !
Maintenant, en attendant que don Manuel revienne de son appartement, entrons dans ce cabinet afin qu’on ne nous entende pas.
Si vous vous tirez bien de cette aventure, vous pourrez vous appeler l’Esprit follet.
Scène III.
Demeurez ici ; et faites-y bien attention, pas de bruit.
Je me tiens immobile et en silence comme une statue.
Ô ciel ! puissé-je réussir à bien fermer, malgré le trouble où je suis !
Ô Dieu ! quelle folie d’aller ainsi se précipiter en aveugle dans des périls inconnus !… Me voici dans une maison appartenant à une dame de haut rang… une excellence pour le moins… mais bien éloignée de celle que j’habite. Mais quel est ce bruit ? on dirait que l’on ouvre… oui, et même voilà qu’on entre.
Grâce à Dieu, je pourrai cette nuit rentrer chez nous sans crainte, quoique j’y rentre sans lumière ; car puisque monseigneur l’esprit follet est en ce moment avec mon maître, il ne doit pas s’inquiéter de moi. (Il heurte don Manuel) Mais tout n’est pas fini… Qui va là ? qui est là ?
Qui que vous soyez, taisez-vous, silence ! ou je vous perce de mon épée.
Modérez-vous ; je ne parlerai pas plus qu’un pauvre nécessiteux dans la maison d’un parent riche.
C’est sans doute quelque valet qui sera entré ici par hasard. Informons-nous de lui où je suis. — (Haut.) Dites-moi quelle est cette maison et qui en est le maître ?