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JOURNÉE II, SCÈNE V.

cosme.

À la bonne heure ! vous reconnaissez la vérité !

don manuel.

Je suis glacé. — Partons.

cosme.

Vous avez peur, vous aussi ?

angela, à part.

Je vois la table… et sur la table des papiers.

Elle se dirige vers la table.
don manuel.

Vive Dieu ! je ne sais que penser de tout ceci.

cosme.

Eh bien, cette lumière nous montre précisément ce que nous cherchons, sans que nous puissions voir qui la porte.

Doña Angela ôte la lumière de la lanterne, la met dans un chandelier qui se trouve sur la table, prend un siège, et s’assied en tournant le dos, à don Manuel et à Cosme.
angela.

Je pose ici la lumière, et je vais voir un peu ce que disent ces papiers.

don manuel.

Ne bouge pas. — Ce flambeau éclaire parfaitement tous les objets… et jamais je n’ai rien vu d’aussi beau que cette femme… Il n’y a ici que des prodiges sans cesse renaissants. Que faire ?

cosme.

Il paraît qu’on s’établit ici pour quelque temps, puisque l’on a pris un siège.

don manuel.

C’est la plus merveilleuse beauté qui soit sortie des mains de Dieu.

cosme.

Vous avez raison, c’est Dieu seul qui l’a faite.

don manuel.

Vois ses yeux. L’éclat de ce flambeau n’est rien comparé à leur éclat.

cosme.

Ce sont les astres du ciel de Lucifer !

don manuel.

Ses cheveux brillent comme les rayons du soleil.

cosme.

C’est peut-être là qu’elle les a pris.

don manuel.

Chaque boucle de ses cheveux est une étoile.

cosme.

Il n’y a rien là d’étonnant.

don manuel.

Impossible de voir une beauté plus accomplie.