Maintenant que je me suis occupé du service de ma personne, je vais m’occuper un peu du service de mon maître… Mais qui donc songe à vendre nos effets pour les avoir ainsi étalés ? Vive le Christ ! on dirait la place du Marché… qui y a-t-il ici ? — Par Dieu ! personne… et s’il y a quelqu’un on ne répondra pas. Fort bien… Mais cela ne m’empêche pas, à parler franchement, de mourir de peur… Enfin pourvu que ce personnage inconnu qui a tout mis sens dessus dessous ait laissé mon argent où il était !… Mais que vois-je ! mes quartos convertis en charbons !.. Esprit follet, esprit follet, qui que tu sois ou que tu aies été, rends-moi mon argent. Pourquoi me l’as-tu dérobé ? est-ce parce que moi même…
Pourquoi ces cris ?
Qu’as-tu donc ?
Que l’est-il arrivé ? parle.
Voilà qui est un peu sans façon… Si vous avez, seigneur, dans votre maison pour locataire un esprit follet, pourquoi donc nous avez-vous invités à y venir ? Je ne suis sorti d’ici qu’un moment, et à mon retour voilà comme j’ai trouvé nos effets. Cela a l’air d’une vente à l’encan !
Y manque-t-il quelque chose ?
Je ne pense pas… si ce n’est mon argent à moi, qui était dans cette bourse et que je retrouve converti en charbons.
Oui, je comprends !
La sotte plaisanterie ! jamais je n’ai rien vu de plus maladroit.
Ni de plus ridicule.
Ce n’est pas une plaisanterie, vive Dieu !
Tais-toi ; tu es ivre, à l’ordinaire.
C’est possible ; mais quelquefois je n’en suis pas moins dans mon bon sens.